Les conférences et sommets qui se tiennent depuis quelques années sur l’environnement sont impressionnants et largement relayés par les médias. Ils se succèdent et se ressemblent. Beaucoup de bonnes intentions et de discours à chaque COP (conférence des parties). Peu de résultats et d’action. Les bottines ne suivent pas les babines. Rares sont les problématiques qui ont suscité un tel intérêt. La paix, la santé ou la famine ne rassemblent pas autant de dirigeants ni ne nécessitent des réunions si fréquentes au niveau international. Tant mieux pour l’environnement! Au moins si, au bout du compte, les résolutions prises étaient appliquées sur le terrain!
Voici quelques rencontres qui ont jalonné notre histoire récente depuis le Sommet de la Terre de Rio (1992). Il y eut le Protocole de Kyoto (1997) où 37 pays se sont engagés à réduire leurs GES. 193 pays l’ont ratifié. Il est entré en vigueur en 2005. Il y eut l’Accord de Paris (2015) où le réchauffement climatique est officiellement reconnu. La majorité des pays promettent de suivre des mesures restrictives afin de limiter la hausse des températures à 1,5oC.
Joe Biden réunit un sommet sur le climat par visioconférence (avril 2021). Les 40 chefs d’État convoqués s’engagent à prendre action. La crise climatique constitue une «menace existentielle» selon le président. Il propose le Green New Deal, programme écologique, économique, politique et éthique ambitieux.
La COP26 à Glasgow (2021) n’aboutit à rien de contraignant, comme d’habitude. La participation des États est nombreuse. 190 pays y sont présents, sans la Russie et la Chine, deux principaux pollueurs qui boycottent les accords. Plusieurs pays et villes s’engagent à ne plus émettre aucun GES d’ici 2050.
La COP27 à Charm el Cheikh, (novembre dernier), crée un fond annuel de 100 milliards de dollars pour compenser les pays ayant subi des «pertes et des dommages» dus aux changements climatiques.
Maintenant, la COP15 onusienne sur la biodiversité, qui se déroule à Montréal, réunit les ministres de l’Environnement et diplomates de 186 pays. Ce sont des négociateurs sans pouvoir décisionnel. On tentera encore de plaider pour la protection de l’écosystème en sonnant une fois de plus l’alarme sur la disparition d’un million d’espèces. Notre pollution et le réchauffement climatique envahissent et détruisent leur habitat terrestre et marin. Ça fera beaucoup de bruit. De bons vœux pour la planète seront formulés, des aires protégées seront proposées, mais sur le terrain, pas grand-chose d’efficace non plus.
Pourquoi l’être humain est-il si lent à comprendre? Pourquoi ne respecte-t-il pas la nature et pollue constamment? Peut-être que c’est sa cupidité, son égoïsme qui l’emportent. «Après moi le déluge».
Les nombreux rapports d’experts (GIEC…) publiés ne soulèvent plus de doute. Les admirables militants de l’écologie (WWF, Greenpeace…) contribuent à l’éveil des consciences et à l’adoption de comportements écoéthiques. Davantage de citoyens et d’élus sont mobilisés. Des lois sont votées en faveur de l’environnement. Cependant, quand arrivent les décisions politiques collectives importantes, les lobbies bloquent tout avec leurs pétrodollars et leurs chantages en matière de contributions électorales ou de subventions.
Nous avons beaucoup à apprendre des peuples autochtones qui appellent la Terre «Mère». Ils se considèrent une partie indivisible de ses entrailles. Les différents éléments de la nature, y compris l’être humain, sont, pour eux, des membres du même corps. Toute entrave ou détérioration de ses constituantes les aliène et affecte directement leur harmonie ainsi que l’harmonie du territoire.
Ils déplorent le matérialisme mercantile de ceux qui la profanent avec des industries polluantes et des pesticides répandus partout. Si par nécessité, ils sont obligés de tuer un animal pour se nourrir, ils lui demandent pardon d’avance, le remercient pour son sacrifice, gardent sa fourrure et ses dents comme reliques. Ils l’appellent «ami supernaturel» et lui rendent hommage.
Je suis de plus en plus pessimiste, cynique. Puis-je rêver d’un avenir respectueux de la biodiversité, de la nature et des écosystèmes? Pourrions-nous un jour reconnaître, comme collectivité et État, la dimension noble et vénérable de la nature et arrêter de la chosifier, de la bafouer, de la détruire? L’humanité n’est qu’une infime espèce parmi d’autres. Les autres espèces ont également le droit de vivre.
Nous ne sommes point maîtres ou propriétaires de la Terre. Nous devons nous comporter comme de bons locataires qui doivent laisser la maison propre, en bonne condition. La sagesse amérindienne nous l’enseigne. Saurons-nous la comprendre et la vivre en conscience? Ce retour aux pratiques respectueuses ancestrales sera le début de notre progrès.
Bernard Anton,
Auteur de Living Earth
5 décembre 2022
Propos retenus du Secrétaire Général de l’ONU lors de la COP15 à Montréal. Antonio Guterres accuse le monde d’« utiliser la nature comme des toilettes… Cette conférence est notre chance de mettre fin à cette orgie de destruction… Je vais continuer à être chaque fois plus dur face à des pratiques qui correspondent à un suicide pour l’humanité… L’action climatique et la protection de la biodiversité sont les deux faces d’une même médaille… La triste vérité est que nous avons gâché notre monde. Nous ne pouvons pas refiler la responsabilité à nos enfants de le nettoyer… Ce n’est qu’en investissant dans la planète Terre que nous pourrons préserver notre avenir… C’est à nous de réparer le monde que nous avons… L’humanité est une arme de destruction massive contre la nature… Il n’y a pas de planète B.
Il faut signer un pacte de paix avec la nature.
Cette conférence est notre chance de mettre fin à cette orgie de destruction.
Je vous en conjure : faites ce qu’il faut. Agissez pour la nature. Agissez pour la biodiversité. Agissez pour l’humanité. »
Antonio Guterres demande trois actions concrètes: de la part des gouvernements, des industries et des pays développés qui doivent apporter un soutien financier massif aux pays plus pauvres du Sud, gardiens des richesses naturelles de la planète.
Une marche pour la Biodiversité se déroule à Montréal avec, comme participants, la mairesse de Montréal, le chef de Québec solidaire, Greenpeace et plusieurs délégations des nations autochtones candiennes et venues d’ailleurs.
